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Les Fermières Obsédées est un collectif
composé de deux artistes issues des arts visuels
(Annie Baillargeon et, Eugénie Cliche).

Elles se sont créés une image de groupe qui repose
sur le port d'un uniforme se trouvant en constante
évolution et mutation avec la démarche. Par cet
uniforme les Fermières deviennent, en quelque sorte,
complices ou victimes d'une même trame
narrative parce qu'uniformisées, elles se fondent
une dans l'autre en provoquant une sorte
d'endossement participatif aux faits et gestes
de l’une ou de l'autre. Un effet d'entraînement
comparable à l'uniformisation massive et à la
léthargie de nos sociétés modernes. Avec
le temps, cette emblème subit une déchéance
et une temporalité laissant entrevoir la ferveur
de plusieurs luttes et prises de position. À la limite
du cliché, l'image de la femme représentée par le
port de cet uniforme leur sert de matière à
transgression; elles ont comme désir
la réinvention et le renversement de cette
image dans toute sa contemporanéité.

Les Fermières Obsédées

Les prestations des F.O. sont à la croisée de
plusieurs disciplines telles que la danse, le
théâtre, la musique ainsi que les arts visuels.
Elles créées des images poétiques et abstraites
prenant leur source dans des positionnements
sociaux concrets. Leurs performances
ressemblent à des tableaux vivants où sont
présentées multiples images symboliques et
métaphoriques qui font allusion à notre monde
en mouvance. Elles critiquent au passage la
culture de masse nord-américaine trop peu
conforme à nos valeurs intrinsèques. Les F.O.
présentent des chorégraphies cadencées
inspirées d'attitudes militaires et conquérantes,
parfois stéréotypées et parodiées, mais surtout
bien calculées. Elles proposent chacune de leur
apparition comme une tentative de se définir
dans l'instant, en lien avec les préoccupations
qui leur sont actuelles. Elles utilisent un langage
visuel alliant le tragique, le burlesque, le
rythme et l'utilisation de symboles populaires.
Elles apportent une réflexion sur l'état du
monde et la tradition de bêtise dans laquelle
nous sommes ancrés. Les F.O. se déploient
tantôt comme une armée décidée à foncer,
tantôt comme trois personnages délavés et
perdus. Par une multitudes de contrastes
déroutants elles arrivent à tenir en haleine le
spectateur qui ne se doute jamais dans quelle
direction il se fera propulser. Des gestes épurés
et schématisés côtoient des artifices éblouissants
qui en mettent plein les yeux l'espace d'un court
instant. Avec une ironie certaine, elles critiquent
notre société du spectacle qui propose des
stéréotypes primaires comme point d'ancrage.
Par un théâtre déchu elles incarnent diverses
attitudes.

Des performances aux allures de révolutions, voilà.
Faire rupture avec nos barèmes et tout ce que l'on
croyait acquis, se moquer de nous-même, essayer
de combattre des idéologies qui ne nous
correspondent pas en déjouant des acquis de sens
et de symbolique pour résister à la chute qui nous
menace à tout instant.

Depuis 2001 les F.O. ont présenté leur travail dans divers événements au Québec, au Canada, au Pays de Galles, en Irlande du nord, en Australie, en France et en Pologne.